Hrihoriy Skovoroda un philosophe ukrainien du siècle des Lumières

Hrihori (ou Grigorii) Skovoroda  1722-1794.

Hryhoriy Skovoroda est un célèbre philosophe ukrainien qui était aussi un poète et professeur. 

Son héritage poétique est l'ensemble de ses oeuvres qu’il a crée en voyageant. Il nous a laissé des recueils de poésies, de fables, des traductions d’auteurs antiques et un carnet de correspondances en latin et ukrainien. 
Les chercheurs littéraires ont dit plus tard qu’il méritait d’être qualifié de "Socrate ukrainien". Sur sa tombe est gravé un épitaphe qui résume le destin qu'il a souhaité, le sens profond de sa pensée et sa vie consacrée à la liberté en  tant que sage itinérant - « Le monde a voulu s’emparer de moi, mais il ne l’a pas pu ».

               Hryhoriy Skovoroda est né en 1722. Il a fait ses études supérieures à Kiev où il a appris les langues européennes, la philosophie et la littérature. Étant un grand amateur de musique il a joué plusieurs instruments et chanté ses propres chansons. Vers 1745-1750, il accepte une mission diplomatique qui lui a permis de visiter pendant 4 ans un grand nombre de pays et de faire connaissance avec les philosophes de son temps. Egalement pendant cette période il a étudié la philosophie à l’université allemande. De retour en Ukraine ses connaissances profondes et son érudition exceptionnelle l'inspirent à la creation de son propre programme d’enseignement. Sa manière pédagogique consistait à donner aux étudiants l’information qui les rend intelligents et favorise l’ouverture des capacités naturelles. Mais ses méthodes modernes ont fait scandales et il fût obligé de quitter les institutions officielles. 

                Pour garder sa liberté de pensée, sa ligne de conduite et son indépendance individuelle Skovoroda voyage en solitaire, enseignant sur les places publiques et en écrivant. C’est alors là que commence la période la plus féconde de sa vie. C’est de cette époque que datent ses traités philosophiques « Dialogues », « Narcisse », « L’ABC de l’Univers », « Du monde Antique ». Malheureusement en raison de censures, aucuns de ses écrits ne furent publiés de son vivant. Skovoroda a vécu plus de 70 ans. A la fin de sa vie il a critiqué fortement les gens qui ont peur de vieillir. Voilà ce dont il en disait : « Tout les gens veulent vivre longtemps. Mais quand la vieillesse vient, tout le monde se plaint en ne pensant même pas que cette fin de vie est le résultat de tout ce qui a passé. Un homme sage reste sage, et un sot ayant perdu toute sa force et la beauté finis ses jours en restant toujours un sot."

                   Dans l’esprit des Lumières il a recourt à des valeurs authentiques, à une vie spirituelle libre et à une société juste. Sa pensée philosophique rejoint la philosophie européenne moderne et aussi celle des poètes grecs de l’Antiquité. Il doit beaucoup à Platon et bien sûr à la Bible. « Celui qui sait ce qu’il faut éviter et ce qu’il faut chercher à obtenir a utilisé son temps correctement ». Skovoroda élabore une philosophie originale et puissante. C’est un penseur chrétien et en même temps libre à l’égard de l’Église et des autres religions institutionnalisées. Il se consacrera à la découverte de la beauté de l’univers du cœur dans l’homme et des profondeurs spirituelles de son propre cœur. Comme beaucoup de poètes Skovoroda a comparé la vie comme un voyage maritime à la recherche d’une île calme. Il est vraiment touché par la bonté et générosité des gens et par conséquent, il essaye d'aider chacun à comprendre la vie telle qu’elle est. « Aucun philosophe, aucun peintre n'est si solitaire que celui qui enseigne les lois de la vie éternelle ». 

                Hryhori Skovoroda est devenu le premier philosophe slave qui a essayé d’interpréter d'une manière originale la philosophie classique. On le surnomme le fondateur d’une pensée philosophique slave et des courants intellectuels dans la société slave. Il a été persuadé que le but de la philosophie est d'essayer de trouver la vérité de la vie. Mais dans les conditions de la vie humaine, ce but est inaccessible. Cependant pour atteindre ce vrai bonheur l’homme doit chercher cette vérité dans sa propre vie. Hryhori Skovoroda a beaucoup influencé la société ukrainienne dans un premier temps par sa vie qui était en accord avec son esprit. Même deux siècles après sa mort les philosophes russes ont réfléchis sur les mêmes questions que Skovoroda. Ce sont les univers connus de Dostoïevski, Tolstoï et des autres. Même aujourd’hui les livres de Skovoroda restent d'actualité et continuent de répondre aux questions essentielles. 

         Inséparable de sa philosophie, ses oeuvres poétiques sont les plus remarquables durant la période l’âge d’or baroque en Ukraine. Il propose une analyse profonde de la nature dans le lyrisme ukrainien en devenant le précurseur du romantisme slave. 

Petit oiseau aux plumes dorées,
Ne fais pas ton nid si haut.
Choisis le vert gazon,
Choisis l'herbe verte,
Parce que le faucon, au-dessus de ta tête,
Plane et voudrait te prendre. 

C'est de ton sang qu'il se nourrit.
Regarde ses serres acérées.
Au bord de l'eau, l'érable s'élève ;
Sans cesse sa tête oscille,
Et quand les vents soufflent impétueux,
Ils lui brisent les membres. 

Tandis que les saules se balancent dans les bas-fonds ; 

Et leur bruissement berce mon sommeil.
Le ruisseau coule tout proche,
Il a peu d'eau, on voit le fond.
Pourquoi s'attrister
D'être né dans un village ?

Ils se brisent la tête 

Ceux qui veulent monter très haut.
Je passerai tranquillement;
Doucement mes jours.
Ainsi les maux m'épargneront
Et je trouverai le bonheur.

Traduit par Roger Tisserand

Par Vasylyna GOLOVNYA